La Revue Du Vin de France – Un négociant promeut sa cuvée à l’aide d’une égérie créée par l’IA
Depuis quelques semaines, un négoce de vins provençaux et rhodaniens fait la promotion de l’une de ses cuvées avec l’aide d’une influenceuse, totalement créée grâce à l’intelligence artificielle.
Faire promouvoir son vin par une personne qui n’existe pas, ce n’est pas de la science-fiction. Le négoce Famille Ravoire qui propose une large gamme de vins du Rhône et de Provence a “recruté” depuis quelques semaines Manon, une égérie féminine qui a la particularité d’être 100% artificielle.
Au centre de ce projet lancé en décembre dernier, on retrouve Alexandra Parfus, directrice marketing et développement de la maison de négoce Famille Ravoire. Après avoir suivi une formation de quatre mois proposée par le MIT pour comprendre comment utiliser intelligemment l’IA et comment l’employer dans les différents services d’une société, elle a lancé ce projet d’égérie artificielle. “Ça faisait deux ans que l’on voulait rejoindre le réseau social TikTok pour toucher la nouvelle génération, notamment avec notre marque de côtes de provence rosé “Manon”. On avait différents plans de communication, mais aucun n’a vraiment abouti. C’est l’IA qui a totalement changé la donne”, explique-t-elle.
Avec l’application SeaArt, le négoce va ainsi créer sa première égérie artificielle. Une jeune femme méditerranéenne, avec des cheveux noirs, des yeux foncés et un teint de peau halé. Ils vont la nommer Manon, en référence à la cuvée éponyme. “Avec plusieurs applications, on a ensuite personnifié des vidéos en faisant des « face swap », c’est-à-dire appliquer le visage de notre égérie sur les vidéos”, détaille Alexandra Parfus.
Dans les différentes vidéos publiées sur le compte TikTok du négoce “Manon en Provence”, on peut ainsi voir Manon évoluer dans des lieux comme le plateau de Valensol, au milieu d’un champ d’olivier ou sur une plage. “C’est un contenu vraiment destiné aux nouvelles générations, une invitation provençale de 15-20 secondes”, enchaîne-t-elle.
De l’engouement autour de l’influenceuse artificielle
“On a lancé notre TikTok le 1er mars avec de gros doutes, car on ne savait pas comment cela allait être reçu. Mais les premiers résultats sont plutôt bons. Nos vidéos sont beaucoup vues, partagées, commentées et plus de 2 000 personnes suivent déjà notre compte. Maintenant, on va voir sur le long terme”, concède la directrice marketing. La maison de négoce précise évidemment dans ses vidéos que la jeune femme n’existe pas et qu’elle a été générée avec l’intelligence artificielle, cela pour éviter toute confusion auprès des internautes.
Mais alors pourquoi préférer l’intelligence artificielle à une vraie personne ? “On aurait aimé, mais nous sommes une PME. Nous n’avons pas les moyens logistiques et financiers pour travailler avec quelqu’un de manière régulière afin d’exister sur TikTok. Très sincèrement, l’IA nous a permis d’aller nous positionner sur un sujet que nous n’aurions pas pu explorer, affirme Alexandra Parfus. L’intelligence artificielle offre une solution très accessible. On doit être sur un budget de 100 euros par mois en abonnement (pour utiliser les applications qui servent à créer l’égérie, ndlr), mais ça demande surtout beaucoup de temps. Au début, il nous fallait environ 40 essais pour obtenir une vidéo de 20 secondes, maintenant c’est beaucoup plus facile”, explique-t-elle.
Une égérie artificielle par continent
La maison de négoce de vins provençaux et rhodaniens compte bien profiter de son égérie numérique en développant d’autres égéries pour répondre aux demandes de ces clients étrangers. “On a des clients du continent africain ou asiatique qui nous disaient que leurs consommateurs ne se reconnaissaient pas dans la communication”, détaille la directrice marketing.
Trois nouvelles égéries ont ainsi été créées : une égérie latine, africaine et asiatique. Ces avatars numériques pourront aussi parler différentes langues en fonction des besoins, cela grâce à des logiciels de générateurs de voix. “ Un client israélien nous a demandé à ce que l’égérie parle hébreu, on va leur fournir du contenu en hébreu, une chose qui aurait été totalement impossible sans l’IA”, raconte Alexandra Parfus. Prochaine étape : étendre l’utilisation de l’intelligence artificielle à d’autres cuvées du négoce Famille Ravoire, puis développer un chatbot (un robot conversationnel) expert en vin pour sa boutique en ligne.
Thomas Varin
L’abus d’alcool est dangereux pou la santé, à consommer avec modération.